
Dissonance numérique : la frugalité évanouie dans les coulisses des toilettes du GreenTech Forum
Une photo de WC sur le blog Magnétic...
Mais pourquoi donc cette photo ?!
J’étais présent hier à la 4ème édition du GreenTech Forum qui se déroule actuellement sur deux jours au Palais des Congrès de Paris. C’est un événement professionnel majeur dédié au numérique et à l'environnement.
J’y rencontre notre petit écosystème : l’Institut du Numérique Responsable dont nous sommes membres, GreenIT.fr sur qui nous nous appuyons pour nos certifications en écoconception numérique chez Magnetic.coop, les Ateliers du Bocage qui font un travail si essentiel, et quelques autres coopératives amies (Commown, TeleCoop France,…).
J’assiste aussi et surtout à des conférences et des ateliers riches et stimulants.
Au fil de ces interventions, des réflexions, des bonnes nouvelles, des mauvaises, des chiffres chocs…
Des choses que l’on sait pour beaucoup, d’autres que l’on apprend :
- le poids toujours croissant du numérique dans les émissions de gaz à effet de serre mondiale (6% en 2025),
- le rôle de la construction des matériels dans ces émissions (Leasétic nous rappelle qu’un PC représente 300kg de CO2 en moyenne pour 600kg de matière extraite) et la part prépondérante des écrans dans le bilan carbone d'un ordinateur,
- le CGDD - Commissariat général au développement durable vient de publier, il y a peu, un « référentiel général pour l’IA frugale »,
- infomaniak | The Ethical Cloud qui installent ses serveur en sous-sol dans des zones résidentielles afin de les connecter à des réseaux de chaleur…
Partout des femmes et des hommes qui s’interrogent et œuvrent quotidiennement pour minimiser l’impact du numérique, par nature polluant, et cherchent à évaluer le rapport impact environnemental/utilité.
A 18h donc, c’est l’heure de la pause. De ma pause. Celle qui va nous ramener à ma photo.
Devant chaque urinoir, un écran.
Un écran animé qui nous vend du dentifrice, des hamburgers… Je ne me souviens plus dans quel ordre.
Je balaye furtivement du regard, je compte 6 urinoirs. Autant d’écran. + les WC individuels car il y a aussi un écran dans chacun d'eux. Si si.
Et là, tout s'entrechoque dans ma tête dans un flot ininterrompu de pensées :
8 écrans. Rien que pour les toilettes des hommes.
1,6 tonnes CO2 eq ?!
Mon cerveau est frappé de dissonance.
Je me mets à écoconcevoir à la volée : c’est surement du matériel recyclé ! Ces contenus doivent être hébergés dans un datacenter vertueux ! Et puis surement qu’elles sont éteintes la nuit ! Non ?!
D’un coup j’imagine mes enfants allant dans ce type de toilettes et me demandant "papa, ça compte dans mon temps d’écran ou pas" ?
Vertige.
Je sais qu’il faut être humble dès lors qu’on se met à désigner ce qui est utile et ce qui ne l’est pas dans la société. Mais ce type d’aberration écologique ne fait-elle pas la quasi-unanimité contre elle en 2024 ? Que reste-t-il à faire pour que cela n’existe plus ?
Nicolas Majesté - Cogérant chez Magnétic